Né le 23 novembre 1632, Jean Mabillon est issu d’une famille de paysans. Pourtant, après sa communion, il est envoyé dans plusieurs abbayes successives. Ses supérieurs détectent rapidement ses talents pour l’érudition.
À compter de 1664, ce moine bénédictin intègre l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés et y aide dom Luc d’Achery à la bibliothèque. Il voyage beaucoup avec l’objectif de prendre copie d’actes conservés dans les abbayes d’Europe. De ces voyages, il tire son œuvre la plus connue, le Re Diplomatica (1681). Il y décrit des règles pour énoncer l’authenticité et l’origine d’une charte ou d’un diplôme et date les documents selon une méthode qu’il met au point et fonde ainsi la science diplomatique.
La révolution de la diplomatique
Le travail de l’historien a formulé les règles de tri et de classification des chartes anciennes. Il détaille également comment distinguer les documents authentiques des témoignages falsifiés sur la base de critères matériels ou de la connaissance de procédures juridiques spécifiques. Une véritable révolution dans le domaine de l’archivage.
En introduisant pour la première fois un « discours de la méthode » sur l’analyse des documents, il devient une référence pour les historiens et les chartistes. La publication de Re Diplomatica est considérée a posteriori par l’historien Marc Bloch comme « une grande date en vérité dans l’histoire de l’esprit humain ».
Soucieux d’une juste transmission du savoir historique entre Moyen Âge et modernité, il laisse une méthode et l’image du modèle de l’homme érudit. Protégé de Colbert et de Louis XIV, il est le premier de sa congrégation, à faire son entrée dans la toute jeune académie royale des inscriptions et belles lettres, en 1701 et à y introduire l’érudition historique.
Un illustre de Saint-Maur
Son nom est indissociable de la congrégation de Saint-Maur. Créée avec l’appui de Richelieu pour doter la France d’un « atelier de recherche historique », elle fonde la recherche des antiquités ecclésiastiques nationales. Cet effort archivistique de collecte des sources perdure pendant un siècle et demi, jusqu’à la Révolution. Jean Mabillon apparaît alors comme un des illustres de cette congrégation. Il défend ardemment la cause de l’érudition et le travail intellectuel des hommes d’Église et écrit le Traité des études monastiques en 1691. À sa mort en 1707, la congrégation compte 2200 religieux.
Au cours de sa vie, Jean Mabillon a également rédigé plusieurs ouvrages de référence, sources essentielles pour tous les historiens en raison de la précision des informations qu’ils contiennent. Parmi eux, Les Oeuvres complètes de saint Bernard (1677) et Les Actes des saints bénédictins (1668-1701, 2 vol.) ou encore Brèves réflexions sur quelques règles de l’histoire.
Les restes de Jean Mabillon reposent aujourd’hui avec ceux de Descartes sous une pierre tombale de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Car au XIXe siècle, la gloire de l’historien était égale à celle du philosophe.
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